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ÉGLISE ROMANE SAINTE-MARIE

L’église de Sainte-Marie est mentionnée pour la première fois en 988. Ermengarde, Comtesse de Cerdanya fit don à son mari le Comte Oliba de son alleu de Coustouges en Vallespir dont l’église faisait partie. Puis le comte l’offrit à l’abbaye d’Arles-sur-Tech, à 25 km de là.
Coustouges était un passage militaire important entre la Catalogne au sud et le Vallespir au nord et était tenu par la garde romaine. À partir des 5e et 6e siècles s’y trouvait une « capelleta », une petite chapelle fortifiée. La mère du pape Damase II étant née à Coustouges, son fils décida d’y construire l’église qui s’y trouve actuellement. Les reliques de la mère du pape Damase II sont enterrées dans la nef sous une dalle marquée par deux ossements croisés gravés dans la pierre. C’est sur la droite quand vous approchez l’autel, approximativement aux 2/3 de l’espace dans la nef.


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L’église de Coustouges a été consacrée en décembre 1142 et dédiée à la sainte Vierge Marie. Dans les actes elle est mentionnée comme la Bienveillante Sainte Marie (BV Sainte Marie). Elle est aussi connue sous le nom de Notre-Dame des Épines, car selon la tradition, elle fut trouvée dans un buisson d’aubépines. Pour cette raison la magnifique statue de la vierge et de l’enfant Jésus, qui se trouve dans la niche au-dessus et derrière l’autel, tient une branche d’aubépine dans sa main droite. La robe blanche de mariée de Marie et le vêtement de baptême de Jésus sont des offrandes à l’église pour la statue. Depuis le milieu du XXème siècle, les nouvelles mariées faisaient don a l'église de leur robe. Chaque année un costume était choisi dans la collection pour habiller la statue de Marie le 15 aout, jour de l'Assomption.  

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Sur le mur gauche de la nef, sous une petite statue taillée de Jeanne d’Arc, on peut voir les sculptures des 12 apôtres. Dans l’ancien temps, lors d’une cérémonie spéciale, les nouveaux nés recevaient l’un de ces douze noms. Pour ceux qui habitaient loin, le prêtre emportait une petite « chapelle » portable sur son dos, avec les petits bustes des apôtres et un tiroir avec les douze noms. Un nom était tiré du tiroir pour un garçon. Les filles s’appelaient toutes Marie, parfois avec des variantes comme Marie-Louise, Maryse, etc.

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À l’origine, l’église de Coustouges était fortifiée par des remparts de toiture et même aujourd’hui on peut voir sur les murs solides et compacts les traces de flèches témoignant de son passé féodal. Les murs ont aussi des contreforts, ce qui contribue à renforcer l’impression de solidité. Sur la face sud s’élève une tour décorée de bandes lombardes qui était, à partir du XIVe siècle, la demeure du seigneur du domaine, désigné par le gouvernement des rois de Majorque.
Le portail d’origine possède quatre colonnes richement sculptées et des chapiteaux en pierre de travertin. Ce portail d’entrée est sans aucun doute le plus élégant de toute la statuaire romane de la région catalane. Des thèmes aussi divers que les mythes de l’Antiquité et les légendes médiévales s’unissent, selon la tradition orientale, dans une même décoration, avec une Gorgone couverte de serpents, entourée de lions ailés, de monstres gargantuesques et de cigognes aux longs cous. Devant l’entrée d’origine de l’église, les pèlerins en route pour St Jacques de Compostelle y passaient la nuit. Ils n’étaient pas autorisés à dormir à l’intérieur de l’église. Le portail était doublé d’une porte intérieure dont les vantaux se repliaient et étaient masqués lorsqu’elle était ouverte. Cela signifiait aussi que l’épaisseur de la maçonnerie en était renforcée afin de soutenir la barre de fermeture du portail. Au début, le pas-de-porte atteignait le niveau de la base, avec une marche double pour entrer et sortir.
Une fois passée l’entrée, la nef est en parfaite harmonie avec les fondations de ces murs aux blocs de différents granits alternés. La voûte de la nef est en berceau brisé aux deux arcs doubleaux à contrefort.

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Sur l’aile gauche, derrière, contre le mur, il y a un grand coffre de pierre rectangulaire. À l’origine, il était souterrain, caché sous l’autel. Vous pouvez constater qu’il est divisé aux deux tiers par une rainure. Dans cette rainure, un panneau de bois était introduit, qui séparait le coffre en deux parties, ainsi prêtes à abriter, lors des invasions, les précieux objets appartenant aussi bien à l’église qu’à la population. On peut observer que des pierres ont été ajoutées sur le mur à droite, derrière un petit autel latéral. Il s’agissait d’un interstice caché, juste suffisant pour permettre à une personne de s’y faufiler. Lors des invasions, quand les villageois se barricadaient dans l’église, finalement (souvent lorsqu’il n’y avait plus rien à manger ni à boire) quelqu’un se sacrifiait pour aller vérifier si le danger était passé.
La grille en ferronnerie qui sépare le chœur est la plus belle que le Moyen-Âge ait produite. 1.038 spirales s’enlacent autour de hampes métalliques, s’épanouissant en candélabre. Son inspiration et la qualité du travail la caractérisent comme provenant du Roussillon. Derrière on peut voir deux chapiteaux dans le style oriental.
La preuve de la première architecture gothique de la région doit être également signalée sous l’aspect de deux croisements de transepts.
L’abside semi-circulaire ne comporte qu’une seule fenêtre, ornée de deux colonnes richement décorées. La cannelure des colonnes, les corniches avec festons d’arcature de pierres différentes, ainsi que les meurtrières aveugles sont spécialement intéressantes.
Les deux oculi au-dessus de l’arc triomphal sont ornés de vitraux aux couleurs dominantes bleu et rouge et, côté ouest, sous le porche, un grand Christ leur fait face. Deux fois par an, en mai et juillet, à 9 heures du matin approximativement, un rayon de soleil traverse la nef et illumine les pieds d’un Christ d’un cercle bleu.


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